Hier j'ai regardé le poids de Soizic, 4 kg 022... Elle grossit bien la louloute !
Elle grandit aussi, elle change.
C'est un peu bizarre d'être parents loin de son bébé.
Même si on va voir Soizic tous les jours autant qu'on peut, on remarque plus ses changements physiques, ses attitudes aussi...
Tous ces changements qui se font loin de nous, sans nous.
Les infirmières s'occupent très bien d'elle, c'est super, mais du coup je me traîne là bas comme un corps inutile.
Soizic me regarde parfois, mais je ne pense pas qu'elle voit sa maman en moi, toutes les infirmières sont plus sa maman que moi, plus à même de calmer ses pleurs...
Des fois j'ai un peu l'impression d'être en viste à l'hôpital pour aller voir un bébé qui n'est pas le mien.
Il y a Céline, brune, très souriante, très gentille, douce, toute jeune (elles sont presque toutes jeunes) ; il y a Aline, qui ressemble un peu à Céline, mais en blonde ; il y a Nadia, un brune beurette décidée, qui ne nous laisse pas trop la main avec Soizic, elle choisit les vêtements sans nous demander notre avis, elle prend la toilette en main (ça m'énerve qu'elle joue avec Soizic quand nous on est là, on est là si peu, j'aimerais qu'elle comprenne qu'elle nous pique notre temps, qu'elle nous bouffe notre place) ; il y a Cathy, une blonde bretonne hyper douce, qui dit souvent "voilà", toute de douceur dans ses gestes et sa voix ; il y a Jean-Pierre, petit, chauve, poilu de la nuque, décidé, le geste sûr et vif, directif ; il y a.... il y a... Je ne sais pas combien on en a vu des infirmières ! Tellement et tellement !
J'aime bien être avec Céline, elle parle avec moi, pas que de bébé et d'opération, elle est présente, elle aime les bébés ça se voit, et elle aime Soizic, ça se voit aussi, elle est toujours positive, elle rigole, elle nous demande notre avis souvent, avec elle on se sent plus parent...
Dans ce petit monde clos, où on n'entre qu'après avoir demandé la permission, qu'après s'être lavé les mains au désinfectant, après avoir passé une blouse propre, tout tourne bien rond sans nous.
Petit à petit nous arrivons tout de même à nous poser un peu, on change la couche sans rien demander ou dire depuis longtemps, depuis quelques temps nous n'attendons plus l'infirmière pour prendre Soizic dans les bras : on a repéré les tuyaux qu'il faut déplacer et comment faire, nous recollons les petits capteurs décollés, nous surveillons que la salem est bien en état de marche...
J'amène des vêtements pour Soizic, ils sont resté un moment dans le sac sans qu'on n'y touche, j'avais l'impression de les avoir amenés pour rien, mais je les ai laissés là tout de même, et puis un jour, on a mis un petit pyjama à Soizic... Elle était toute mignone habillée !
Il paraît que toutes les infirmières sont ensuite venues la voir habillée pour lui faire des gouzi gouzi.
Maintenant c'est l'habitude, je récupère le soir les vêtements sales que je vais laver, et j'en ramène des tous propres le lendemain. Un peu de "boulot" de maman...